Le monachisme chrétien, qui consiste en une vie ascétique, souvent cloîtrée, consacrée au culte chrétien, est devenu populaire au Moyen Âge et a donné naissance à plusieurs ordres monastiques aux objectifs et aux styles de vie différents.
Le monachisme au Moyen Âge
Le monachisme chrétien est la pratique dévotionnelle d’individus qui mènent une vie ascétique et généralement cloîtrée, consacrée au culte chrétien. Le monachisme est devenu très populaire au Moyen Âge, la religion étant la force la plus importante en Europe. Les moines et les nonnes devaient vivre isolés du monde pour se rapprocher de Dieu. Les moines rendaient service à l’Église catholique en copiant des manuscrits, en créant des œuvres d’art, en éduquant les gens et en travaillant comme missionnaires. Les couvents étaient particulièrement attrayants pour les femmes. C’était le seul endroit où elles pouvaient recevoir une éducation ou un pouvoir quelconque. Ils leur permettaient également d’échapper à des mariages non désirés.
Les Bénédictins
À partir du VIème siècle, la plupart des monastères d’Occident appartenaient à l’ordre bénédictin. Les bénédictins ont été fondés par Benoît de Nursie, le plus influent des moines occidentaux et aussi appelé le père du monachisme occidental. Il a fait ses études à Rome, mais a rapidement cherché à mener une vie d’ermite dans une grotte à Subiaco, en dehors de la ville. Il attira ensuite des disciples avec lesquels il fonda le monastère de Monte Cassino, entre Rome et Naples, vers 520. Il établit la Règle, adaptant en partie la Règle anonyme du Maître (Regula magistri), rédigée quelque part au Sud de Rome vers 500, et définissant les activités du monastère, ses officiers et leurs responsabilités.
Au IXème siècle, en grande partie sous l’inspiration de l’empereur Charlemagne, la règle de Saint Benoît est devenue le guide de base du monachisme occidental. Les premiers monastères bénédictins étaient relativement petits et se composaient d’un oratoire, d’un réfectoire, d’un dortoir, d’un scriptorium, d’un logement pour les hôtes et de dépendances, un groupe de pièces souvent très séparées rappelant davantage une villa romaine de taille décente qu’une grande abbaye médiévale. Un monastère d’une douzaine de moines aurait été normal à cette époque.
La vie monastique médiévale consistait en la prière, la lecture et le travail manuel. La vie du moine est organisée grâce aux heures canoniales ou liturgie des heures qui organisent sa journée.
La prière était la première priorité du moine. En dehors de la prière, les moines effectuaient diverses tâches, comme la préparation de médicaments, l’écriture et la lecture. Ces moines travaillaient également dans les jardins et sur les terres. Ils pouvaient également passer du temps dans le cloître, une colonnade couverte autour d’une cour, où ils priaient ou lisaient. Certains monastères possédaient un scriptorium où les moines écrivaient ou copiaient des livres. Lorsque les moines écrivaient, ils utilisaient une écriture très soignée et dessinaient des illustrations dans les livres. Dans le cadre de leur style d’écriture unique, ils décoraient la première lettre de chaque paragraphe.
L’efficacité de la règle cénobitique de Saint Benoît, ainsi que la stabilité des monastères, les rendaient très productifs. Les monastères étaient les principaux entrepôts et producteurs de connaissances.
Le mouvement cistercien
La vague de réforme monastique qui a suivi celle des bénédictins est venue du mouvement cistercien. La première abbaye cistercienne a été fondée en 1098, à l’abbaye de Cîteaux. La principale caractéristique de la vie cistercienne était le retour à une observation littérale de la règle bénédictine, rejetant les développements des bénédictins. La caractéristique la plus frappante de la réforme est le retour au travail manuel, et en particulier aux travaux des champs. Inspirés par Bernard de Clairvaux, le principal bâtisseur des cisterciens, ces derniers deviennent la principale force de diffusion technologique dans l’Europe médiévale. À la fin du XIIème siècle, les établissements cisterciennes étaient au nombre de 500, et à son apogée au XVème siècle, l’ordre prétendait avoir près de 750 établissements. La plupart d’entre eux ont été construits dans des régions sauvages et ont joué un rôle majeur dans la mise en culture économique de ces régions isolées d’Europe.
Les ordres mendiants
Sous le règne du pape Innocent III (1198-1216), deux des plus célèbres ordres monastiques ont été fondés. On les appelait les ordres mendiants, car leurs membres mendiaient pour la nourriture et les vêtements. Dès leur fondation, ces ordres ont rejeté le modèle monastique précédemment établi, qui consistait à vivre dans une communauté stable et isolée où les membres exerçaient un métier et possédaient des biens en commun, notamment des terres, des bâtiments et d’autres richesses. En revanche, les mendiants évitaient de posséder des biens, ne pratiquaient pas de métier et adoptaient un mode de vie pauvre, souvent itinérant. Ils dépendaient pour leur survie de la bonne volonté des personnes auxquelles ils prêchaient. Ils voyageaient généralement par deux, prêchant, guérissant les malades et aidant les pauvres. Saint François d’Assise a fondé l’ordre des Franciscains, qui étaient connus pour leurs activités caritatives. Les Dominicains, fondés par Saint Dominique, se concentraient sur l’enseignement, la prédication et la suppression de l’hérésie.
L’ordre dominicain a vu le jour au Moyen Âge, à une époque où la religion commençait à être envisagée d’une nouvelle manière. Les hommes de Dieu n’étaient plus censés rester derrière les murs d’un cloître. Au lieu de cela, ils voyageaient parmi les gens, prenant pour exemple les apôtres de l’Église primitive. Comme son contemporain François, Dominique a vu la nécessité d’un nouveau type d’organisation, et la croissance rapide des Dominicains et des Franciscains au cours de leur premier siècle d’existence confirme que les ordres de frères mendiants répondaient à un besoin.
Les franciscains
L’inspiration de l’ordre franciscain est venue en 1209 lorsque François a entendu un sermon sur Matthieu qui l’a tellement impressionné qu’il a décidé de se consacrer entièrement à une vie de pauvreté apostolique. Vêtu d’un vêtement rêche, pieds nus et, selon le précepte évangélique, sans bâton ni certificat, il commença à prêcher la repentance.
François fut bientôt rejoint par un éminent concitoyen, Bernard de Quintavalle, qui contribua tout ce qu’il avait à l’œuvre, et par d’autres compagnons, dont on dit qu’ils furent onze en un an. Les frères vivaient dans la léproserie déserte de Rivo Torto, près d’Assise, mais ils passaient une grande partie de leur temps à voyager dans les régions montagneuses de l’Ombrie, toujours joyeux et pleins de chansons, mais faisant une profonde impression sur leurs auditeurs par leurs exhortations sérieuses. Leur vie était extrêmement ascétique, bien que de telles pratiques n’aient apparemment pas été prescrites par la première règle que François leur donna (probablement dès 1209), qui semble n’avoir été rien d’autre qu’une collection de passages des Écritures soulignant le devoir de pauvreté.
Les dominicains
Comme François, Dominique cherchait à établir un nouveau type d’ordre, qui apporterait le dévouement et l’éducation systématique des ordres monastiques plus anciens, comme les Bénédictins, aux problèmes religieux de la population croissante des villes, mais avec une plus grande flexibilité organisationnelle que les ordres monastiques ou le clergé séculier. Le nouvel ordre Dominicain devait être un ordre de prédication, ses membres étant formés pour prêcher dans les langues vernaculaires. Plutôt que de gagner leur vie sur de vastes exploitations agricoles comme l’avaient fait les monastères, les nouveaux frères devaient survivre en mendiant, en se vendant par une prédication persuasive.
Dominique inspirait à ses disciples une loyauté envers l’apprentissage et la vertu, une profonde reconnaissance du pouvoir spirituel des privations du monde et de l’état religieux, et une structure gouvernementale très développée. En même temps, Dominique encourageait les membres de son ordre à développer une spiritualité « mixte ». Ils étaient à la fois actifs dans la prédication et contemplatifs dans l’étude, la prière et la méditation. Les frères de l’ordre dominicain étaient urbains et érudits, ainsi que contemplatifs et mystiques dans leur spiritualité. Si ces traits ont eu un impact sur les femmes de l’ordre, les moniales ont surtout absorbé ces dernières caractéristiques et se les sont appropriées. En Angleterre, les moniales dominicaines ont mélangé ces éléments avec leurs propres caractéristiques et ont créé une spiritualité et une personnalité collective qui les ont distinguées.
Principaux enseignements
Points clefs
- En raison du pouvoir omniprésent de la religion, et en particulier du christianisme, le monachisme a prospéré dans l’Europe médiévale.
- La vie monastique médiévale consistait en la prière, la lecture et le travail manuel.
- À partir du VIème siècle, la plupart des monastères occidentaux appartenaient à l’ordre bénédictin, fondé par Benoît de Nursie, qui a rédigé des règles influentes pour la vie monastique.
- Au XIème siècle, les cisterciens ont réformé le mode de vie bénédictin, en adhérant plus strictement aux règles originales de Benoît et en mettant l’accent sur le travail manuel et l’autosuffisance.
- Sous le règne du pape Innocent III (1198-1216), deux ordres mendiants, les Franciscains et les Dominicains, ont été fondés.
François d’Assise a fondé l’ordre des Franciscains, qui étaient connus pour leurs activités caritatives. - Les dominicains, fondés par Saint Dominique, se concentraient sur l’enseignement, la prédication et la suppression de l’hérésie.
Termes clefs
- mendiant : Certains ordres religieux chrétiens ayant adopté un style de vie pauvre, voyageant et vivant dans des zones urbaines à des fins de prédication, d’évangélisation et de ministère, en particulier auprès des pauvres ; plus généralement, un style de vie ascétique qui inclut la pauvreté et la mendicité.
- Règle de Saint Benoît : Livre de préceptes rédigé par Benoît de Nursie (vers 480-550) à l’intention des moines vivant en communauté sous l’autorité d’un abbé.
- Monachisme chrétien : La pratique dévotionnelle d’individus qui mènent une vie ascétique et généralement cloîtrée, consacrée au culte chrétien.