Irène d’Athènes

Irène d’Athènes, la première impératrice de l’Empire byzantin, s’est battue pour être reconnue comme leader impérial tout au long de son règne, et est surtout connue pour avoir mis fin au premier iconoclasme de l’Église d’Orient.

Irène d’Athènes (v. 752-803) a été impératrice byzantine de 797 à 802, puis impératrice consort de 775 à 780, et enfin impératrice douairière et régente de 780 à 797. Elle est surtout connue pour avoir mis fin à l’iconoclasme.

Jeunesse

Irène était apparentée à la noble famille grecque des Sarantapechos d’Athènes. Bien qu’elle soit orpheline, son oncle ou son cousin, Constantin Sarantapechos, était patricien et fut peut-être le stratège du thème de Hellade la fin du VIIIème siècle. Elle a été amenée à Constantinople par l’empereur Constantin V le 1er novembre 768, et a été mariée à son fils, Léon IV, le 17 décembre.

Le 14 janvier 771, Irène a donné naissance à un fils, le futur Constantin VI. Lorsque Constantin V meurt en septembre 775, Léon succède au trône à l’âge de vingt-cinq ans. Léon, bien qu’iconoclaste, poursuit une politique de modération envers les iconodules, mais sa politique devient beaucoup plus dure en août 780, lorsque plusieurs courtisans sont punis pour avoir vénéré des icônes. Selon la tradition, il découvrit des icônes cachées parmi les biens d’Irène et refusa de partager le lit conjugal avec elle par la suite. Néanmoins, à la mort de Léon le 8 septembre 780, Irène devint régente de leur fils de neuf ans, Constantin, lui donnant ainsi le contrôle administratif de l’empire.

Régence

Irène a été presque immédiatement confrontée à une conspiration qui a tenté de faire monter sur le trône César Nikephoros, un demi-frère de Léon IV. Pour surmonter ce défi, elle a fait ordonner Nikephoros et ses co-conspirateurs comme prêtres, un statut qui les disqualifiait pour gouverner.

Dès 781, Irène commença à chercher à se rapprocher de la dynastie carolingienne et de la papauté à Rome. Elle négocia un mariage entre son fils, Constantin, et Rotrude, une fille de Charlemagne par sa troisième épouse, Hildegard. À cette époque, Charlemagne est en guerre contre les Saxons, et deviendra plus tard le nouveau roi des Francs. Irène est allée jusqu’à envoyer un fonctionnaire pour instruire la princesse franque en grec ; cependant, Irène elle-même a rompu les fiançailles en 787, contre la volonté de son fils.

Irène doit ensuite mater une rébellion menée par Elpidius, le stratège de Sicile. Irène envoya une flotte qui réussit à vaincre les Siciliens. Elpidius s’est enfui en Afrique, où il a fait défection au califat abbasside. Après le succès du général de Constantin V, Michael Lachanodrakon, qui a déjoué une attaque abbasside aux frontières orientales, une énorme armée abbasside sous les ordres de Harun al-Rashid envahit l’Anatolie à l’été 782. Les stratèges du Thème Bucellarien, Tatzates, ont fait défection aux Abbassides, et Irène, en échange d’une trêve de trois ans, a dû accepter de payer un tribut annuel de 70 000 ou 90 000 dinars aux Abbassides, de leur donner 10 000 vêtements de soie, et de leur fournir des guides, des provisions, et l’accès aux marchés pendant leur retrait.

Fin de l’iconoclasme

L’acte le plus notable d’Irène a été la restauration de la vénération des icônes, mettant ainsi fin au premier iconoclasme de l’Église d’Orient. Ayant choisi Tarasios, un de ses partisans et son ancien secrétaire, comme patriarche de Constantinople en 784, elle convoqua deux conciles de l’Église. Le premier, tenu en 786 à Constantinople, fut contrarié par l’opposition des soldats iconoclastes. Le second, convoqué à Nicée en 787, relance officiellement la vénération des icônes et réunit l’Église orientale et l’Église catholique de Rome.

Si cela améliore grandement les relations avec la papauté, cela n’empêche pas le déclenchement d’une guerre avec les Francs, qui prennent le contrôle de l’Istrie et de Bénévent en 788. Malgré ces revers, les efforts militaires d’Irène rencontrèrent un certain succès : en 782, son courtisan favori, Staurakios, soumit les Slaves des Balkans et posa les bases de l’expansion byzantine et de la ré-hellénisation de la région. Néanmoins, Irène fut constamment harcelée par les Abbassides et, en 782 et 798, elle dut accepter les termes des califes respectifs Al-Mahdi et Harun al-Rashid.

Irène l’impératrice

Alors que Constantin approchait de la maturité, il a commencé à s’agiter sous son emprise autocratique. Une tentative de se libérer par la force fut rencontrée et écrasée par l’impératrice, qui exigea que le serment de fidélité soit désormais prêté en son seul nom. Le mécontentement qui en résulta se transforma en 790 en une résistance ouverte, et les soldats, avec à leur tête l’armée des Arméniens, proclamèrent officiellement Constantin VI comme seul dirigeant.

Un semblant d’amitié creux fut maintenu entre Constantin et Irène, dont le titre d’impératrice fut confirmé en 792 ; cependant, les factions rivales restèrent, et en 797, Irène, par des intrigues astucieuses avec les évêques et les courtisans, organisa une conspiration en son nom propre. Constantin ne pouvait que fuir pour venir en aide aux provinces, mais même là, les participants au complot l’entouraient. Saisi par ses préposés sur la rive asiatique du Bosphore, Constantin est ramené au palais de Constantinople. Ses yeux ont été arrachés et, selon la plupart des récits contemporains, il est mort de ses blessures quelques jours plus tard, laissant Irène être couronnée première impératrice régnante de Constantinople.

En tant qu’impératrice, Irène fit des efforts déterminés pour éradiquer l’iconoclasme partout dans l’empire, y compris dans les rangs de l’armée. Pendant le règne d’Irène, les Arabes continuèrent à faire des raids et à spolier les petites fermes de la partie anatolienne de l’empire. Ces petits fermiers d’Anatolie avaient une obligation militaire envers le trône byzantin. En effet, l’armée byzantine et la défense de l’empire reposaient en grande partie sur cette obligation et sur les fermiers anatoliens. La politique de l’iconodule (culte des icônes) a chassé ces fermiers de l’armée, et donc de leurs fermes. Ainsi, l’armée était affaiblie et ne pouvait pas protéger l’Anatolie contre les raids arabes. Beaucoup des fermiers d’Anatolie restants ont été chassés de leur ferme pour s’installer dans la ville de Byzance, ce qui a encore réduit la capacité de l’armée à élever des soldats. De plus, les fermes abandonnées ont été rayées des listes d’imposition et ont réduit le montant des revenus que le gouvernement recevait. Ces fermes ont été reprises par le plus grand propriétaire foncier de l’Empire byzantin, les monastères. Pour aggraver encore la situation, Irène avait exempté tous les monastères de toute imposition.

Compte tenu de la ruine financière dans laquelle l’empire se dirigeait, il n’est pas étonnant qu’Irène ait finalement été destituée par son propre ministre des finances. Le chef de cette révolte réussie contre Irène la remplaça sur le trône byzantin sous le nom de Nicéphore Ier.

Bien que l’on affirme souvent qu’en tant que monarque, Irène se faisait appeler « basileus » (empereur), plutôt que « basilissa » (impératrice), on ne connaît en fait que trois cas où elle a utilisé le titre de « basileus » : deux documents juridiques dans lesquels elle se signait « empereur des Romains », et une de ses pièces d’or trouvée en Sicile portant le titre de « basileus ». Elle a utilisé le titre « basilissa » dans tous les autres documents, pièces de monnaie et sceaux.

Relations avec l’empire carolingien

La position sans précédent d’Irène en tant qu’impératrice régnant à part entière a été soulignée par la montée coïncidente de l’Empire carolingien en Europe occidentale, qui rivalisait en taille et en puissance avec le Byzance d’Irène. En 800, Charlemagne est couronné empereur par le pape Léon III, le jour de Noël. Le clergé et les nobles présents à la cérémonie ont proclamé Charlemagne « Empereur de l’Empire romain ». Pour soutenir le couronnement de Charlemagne, certains ont fait valoir que le poste impérial était en fait vacant, jugeant une femme inapte à être empereur. Cependant, Charlemagne n’a pas revendiqué l’Empire byzantin. Les relations entre les deux empires restent difficiles.

Principaux enseignements

Points clefs

  • Irène d’Athènes était une orpheline d’une famille noble, et a été mariée au fils de l’actuel empereur, Léon IV, en 768.
  • À la mort de Léon en 780, Irène devint régente de leur fils de neuf ans, Constantin, qui était trop jeune pour être empereur, ce qui lui donna le contrôle administratif de l’empire.
  • En tant que régente impériale, Irène a maîtrisé les rébellions et combattu les Arabes avec un succès mitigé. Elle a également mis fin au Premier Iconoclasme de l’Église d’Orient.
  • Lorsque Constantin devint assez âgé pour devenir empereur proprement dit, il finit par se rebeller contre Irène, bien qu’il lui permette de conserver le titre d’impératrice.
  • Peu de temps après, Irène organisa sa propre rébellion et finit par tuer son fils, revendiquant ainsi la souveraineté exclusive sur l’empire en tant qu’impératrice, la première femme à avoir ce titre dans l’empire.
  • Bien que l’on affirme souvent qu’en tant que monarque, Irène se faisait appeler « empereur » plutôt qu' »impératrice », elle utilisait en fait le mot « impératrice » dans la plupart de ses documents, pièces de monnaie et sceaux.
  • Le Pape n’a pas voulu reconnaître une femme comme souveraine et en 800, il a couronné Charlemagne comme souverain impérial sur tout le territoire romain, y compris Byzance.
  • Charlemagne n’a pas tenté de gouverner Byzance, mais les relations entre les deux empires sont restées difficiles.
    Irène fut finalement destituée par son ministre des finances.

Termes clefs

  • régent : Personne désignée pour administrer un État parce que le monarque est mineur, absent ou incapable.
  • stratège : personne nommée pour administrer un État parce que le monarque est mineur, absent ou frappé d’incapacité : Un gouverneur militaire dans l’Empire byzantin.
  • Iconoclasme : destruction d’icônes religieuses et d’autres images ou monuments pour des motifs religieux ou politiques.

Par Sam Zylberberg

Historien, professeur, passionné par les sciences humaines, la recherche, la pédagogie, les échanges culturels et les ailleurs. Créateur de JeRetiens, JeComprends, et Historiquement point com.